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Il n’est peut-être pas trop tard
mardi 2 février 2016 / 16 décembre 2016
Voir en ligne : Pétition pour la préservation de l’émetteur 162 kHz d’Allouis - Il fallait agir avant le bouclage du budget 2017
Après France Inter, France Culture et FIP il y a quelques années, Radio France a supprimé le 1er janvier 2016 la diffusion de France Info en ondes moyennes.
Le défunt réseau ondes moyennes était un moyen pour Radio France de satisfaire à son obligation de couverture intégrale du territoire métropolitain, à un coût très largement inférieur à celui d’une couverture totale en FM (abstenons-nous charitablement de parler de radio numérique terrestre, domaine où la France est à peu près au niveau de l’Antarctique).
Accessoirement, l’émetteur 1377 kHz de Lille couvrait aussi la quasi totalité du territoire belge, bénéfice collatéral non négligeable (qui plaisait d’ailleurs peu aux nationalistes flamands).
J’engage les élus concernés à poser cette question à Radio France et au gouvernement : comment est-il prévu désormais d’honorer le cahier des charges de la radio publique française en termes de couverture territoriale ?
Il y a de quoi être inquiet pour la diffusion de France Inter en grandes ondes (émetteur 162 kHz d’Allouis), dont l’abandon a déjà été évoqué par Mathieu Gallet, étrange homme de radio pour qui assainir Radio France consiste à faire moins de radio.
Lire cet échange entre un auditeur inquiet (et bien documenté) et le très bureaucratique médiateur de Radio France (le 3 avril 2015), qui serait désopilant s’il n’était consternant. [1]
EDIT (et consternitude) : la mort des grandes ondes est déjà actée. Il y avait une bévue à commettre, l’occasion n’a pas été manquée.
Écouter ou réécouter → ici les explications fournies le 16 décembre 2016 dans le cadre de l’émission “L’instant M” (en grandes ondes uniquement). On y relèvera entre autres choses ce nouveau principe : les auditeurs de l’étranger ne payant pas la redevance audiovisuelle due par les auditeurs métropolitains, il n’y a aucune raison de leur faire cadeau des émissions de France Inter. L’acheminement gratuit du service public français est réservé aux contribuables français. Les autres doivent désormais supporter la charge de cet acheminement (par satellite, internet, etc.). Quant aux contribuables, français ou autres, en déplacement sur les routes d’Europe, on ne peut que leur recommander Europe1 (183 kHz), RTL (234 kHz) ou RMC (216 kHz).
C’est donc l’ensemble de la modulation d’amplitude qui est condamné, du moins par le service public. Rappelons quelques raisons pour lesquelles ces décisions apparaissent irréfléchies :
Selon la direction de Radio France, le coût annuel du contrat TdF de diffusion en modulation d’amplitude est de 13 millions d’euros (soit 1,93% d’un budget total de 674,8 millions en 2016), dont la moitié pour les grandes ondes (0,9% du budget). Pour évaluer les économies réalisées en rompant ce contrat, il faut en déduire (i) le coût des nouvelles fréquences FM qu’il a fallu ou qu’il faudra ouvrir pour compenser les trous laissés par les émetteurs coupés, (ii) la perte de recettes liée à la réduction d’audience ; environ 10% des auditeurs métropolitains de France Inter l’écoutent encore en grandes ondes, toujours selon Radio France [5]. Les mesures d’audience ignorent bien entendu les auditeurs non hexagonaux, négligeables car hors cible publicitaire.
Il serait judicieux d’examiner les conditions auxquelles Brookfield, propriétaire de TdF, pourrait céder tout ou partie de cette infrastructure à Radio France ou à l’État. En l’absence d’un contrat de longue durée entre TdF et Radio France, ces équipements n’apportent aucun revenu et sont pratiquement sans valeur pour leur actuel propriétaire. En revanche ils pourront constituer pour Radio France un socle bienvenu lorsque viendra le temps des ondes moyennes et longues numériques (et que cela aura été compris).
Défaire l’Europe, c’est à la mode et c’est aussi confiner les radios dans le champ étriqué de la FM, éteindre les émetteurs à longue ou moyenne portée, contrarier le développement d’une radio numérique terrestre normalisée, refuser de combiner radio et télévision numériques terrestres en un vecteur commun.
En France, on a choisi de tout miser sur la bande FM [6], en décrétant l’obsolescence des ondes longues, moyennes et courtes, en rejetant la norme européenne DAB+.
Ailleurs, ces technologies complémentaires évoluent et se combinent pour supplanter bientôt une FM dont la fin de vie se rapproche inéluctablement.
La désinvolture avec laquelle Radio France modifie régulièrement et inopinément les URL de ses flux est un signe supplémentaire du peu de cas qu’elle fait de sa mission de service public. Prétendre, dans ces conditions, qu’il est temps de renoncer aux vieilles habitudes (allumer sa radio et la régler sur la bonne fréquence quasi inchangée depuis 1938 [7], geste simple mais juste bon pour nos grands-parents) pour enfin entrer de plain-pied dans la modernité internétique, ce n’est pas sérieux [8]. La réalité est tout autre : ce qui est obsolète n’est pas un dispositif de diffusion reposant sur une technologie efficace quoiqu’ancienne, c’est le service public. En choisissant de s’aligner sur le modèle économique ordinaire, la radio publique se condamne à céder les meilleures positions à une concurrence bien mieux qualifiée qu’elle pour ce terrain cassant. N’écoutez pas la différence, il n’y en a plus.
Voir aussi : La radio publique se modernise à reculons
Outre l’idée idiote selon laquelle toute technologie efficace mais centenaire est forcément bonne à jeter, cette réduction de voilure obéit à une doctrine malfaisante mais en progression constante : il appartient désormais à l’auditeur de supporter doublement la charge de l’acheminement du signal de service public jusqu’à ses oreilles. [9]
Celui qui paie la redevance audiovisuelle alors qu’il habite une zone non couverte par la FM devra encore payer l’accès à internet ou au satellite pour capter la radio (alors même qu’il se trouve souvent aussi dans une zone blanche pour l’internet à haut débit et pour la téléphonie mobile). En droit, il serait fondé à assigner l’État (avec peu de probabilité de succès, il faut bien le dire). Sans rire, le médiateur de Radio France recommande carrément à un auditeur frustré d’installer une application iPhoid qui fera sûrement la joie des millions d’heureux possesseurs d’un autoradio sous iOS ou Android et d’une voiture équipée d’un accès permanent à l’Internet [10]…
C’est en vertu du même principe que la diffusion en ondes courtes de Radio France Internationale (via le satellite incensurable et gratuit qu’est l’ionosphère) a fait place à une diffusion par internet ou en sous-produit de services télévisuels satellitaires et coûteux, se rendant ainsi inaccessible, techniquement ou économiquement, à la majeure partie de son public cible.
[1] Cet échange a aujourd’hui disparu du site de Radio France. Signe, s’il en faut, qu’on n’en était pas très fier au sein de la Maison Ronde. Heureusement, nous l’avions pieusement archivé, contrairement à Radio France qui l’a classé verticalement…
[2] Si la radiodiffusion de l’heure officielle doit être maintenue pour raisons légales ou techniques, la dénonciation du contrat TdF sortira le coût de l’émetteur du compte d’exploitation de Radio France mais pas de la dépense publique ; économie globalement nulle donc. Aux dernières nouvelles, telle est d’ailleurs l’option retenue ; son coût n’a pas été communiqué.
[3] Une question parlementaire posée au gouvernement le 25 août 2015 à ce propos attend toujours une réponse qui ne viendra probablement jamais.
[4] Une fréquence dans la bande des 49 mètres (6175 kHz) couvrait toute l’Europe à faible coût jusqu’en 1997. Cette fréquence abandonnée est aujourd’hui irrémédiablement perdue, comme le seront bientôt les fréquences en ondes moyennes et longues.
[5] Estimation datée de 2015 récemment revue à la baisse, ou plus exactement formulée autrement : RF préfère désormais mentionner qu’une portion de 4% du territoire n’est pas couverte par le réseau des émetteurs FM.
[6] Et aussi sur la diffusion internétique, mais en paroles plus qu’en actes et en s’y prenant assez maladroitement.
[7] En 1986, un nouveau plan de fréquences est adopté à Genève pour les stations GO européennes qui diffusent en dessous de 200 kHz : elles doivent baisser leur fréquence de 200 kHz. La fréquence historique de France Inter passe donc de 164 kHz à 162 kHz, soit 1852 m au lieu de 1829 m.
[8] Exemple : peu après l’extinction discrète des ondes moyennes, Jean-Michel Kandin expliquait au micro du modérateur de Radio France, en janvier 2016, que “la 5G et les voitures connectées se généraliseront d’ici cinq ans”. Autrement dit, on arrête les émetteurs AM cinq ans avant l’apparition hypothétique d’une solution alternative pour les automobilistes qui ne sont pas, loin s’en faut, les seuls auditeurs concernés. D’autre part les flux de streaming ont été fortement dégradés en octobre 2016 à l’occasion d’un énième changement inopiné de prestataire pour la diffusion internétique.
[9] De consternants éléments de langage circulent, tournant en dérision les auditeurs de la radio en modulation d’amplitude : « dans chaque corbillard qui passe, il y a un auditeur en ondes longues/moyennes/courtes » (biffer les mentions inutiles).
[10] Ceci a également disparu du site de Radio France, où on n’assume guère les suggestions expéditives que l’on fait aux auditeurs mécontents pour s’en débarrasser en deux lignes.