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(Mis à jour)
mercredi 26 janvier 2011 / 28 octobre 2012, par
Je veux cet album : Count Basie - RCA Years In Complete. Je le veux parce que je le possédais déjà, in illo tempore, dans sa version microsillon (un 33 tours RCA acheté avec du bon argent). J’ai donc déjà payé cette musique, en partie seulement je l’avoue, puisque la version CD est bien plus complète que l’antique microsillon. Les supports d’époque étant techniquement obsolètes, comment racheter ces musiques dans un format actuel ?
Une visite à la FNAC et chez quelques autres disquaires m’indique qu’il n’est pas distribué en Belgique.
Voyons chez Amazon : c’est mort.
iTunes : la (très pauvre) fonction de recherche ne le trouve pas. Naviguons dans le catalogue (en passant, Count Basie est classé à la lettre “C” comme “Count” et non à la lettre “B” comme “Basie”). Dix pages à consulter, sans classement alphabétique ou chronologique, aucune trace de mon album. Je constate au passage que cette boutique me restera fermée si je n’installe pas le logiciel iTunes (où est la version Linux ?). Je subodore donc que la musique achetée ici sera verrouillée, je n’en veux donc pas. C’est mort aussi. [1]
FnacMusic : Rien à faire.
Il n’existe pas de boutique RCA d’achat de musique en ligne, puisque la boîte a été absorbée par Sony Music. Allons-y voir. Tiens, ici aussi le classement se fait bêtement sur le prénom. Pas de rubrique “Jazz”, il faut descendre bien plus bas dans la liste jusqu’à “Soul/jazz”, j’applique ce filtre. Lettre “B” comme “Basie” : Beyoncé, Britney Spears, Bénabar, que des grands noms du jazz… pas de Basie. À la Lettre “C” comme “Count” ça commence par Céline Dion, autre grande chanteuse de jazz comme chacun sait. J’abandonne Sony, manifestement incapable de proposer un catalogue bien organisé.
Restent les métamoteurs de recherche, qui m’amènent très rapidement à une page intitulée “Count Basie - RCA Years In Complete”, bingo. Tiens, c’est au format FLAC, compression sans perte, chic alors. Tiens tiens, il y a toute la documentation, les images de la pochette CD et du livret et, cerise sur le cadeau, celles des disques eux-mêmes. Voilà un marchand sérieux. Où est le lien pour acheter ? Ah, on télécharge avant de payer ? Sympa, ça c’est du commerce comme on l’aime, un peu comme chez feu mon disquaire qui me permettait d’écouter tout ce que je voulais avant d’acheter. Et ensuite, toujours pas de lien pour acheter ? Ce n’est pas un marchand ? Eh non, c’est ThePirateBay, c’est cadeau. Oups, j’ai piraté par inadvertance.
Et voilà le résultat :
Exactement ce que les acteurs commerciaux du secteur ne savent ou ne veulent pas faire. Ils se demandent pourquoi ils agonisent. S’ils avaient le savoir-faire de TPB, j’aurais acheté cet album. Je ne l’ai volé (sans le faire exprès) que parce que les détenteurs des droits sur cette œuvre sont infichus de la vendre.
Verdict du banc d’essai : The Pirate Bay vainqueur par K.O.
Même Qobuz, qui fait de méritoires efforts pour distribuer intelligemment la musique dématérialisée [2], n’arrive pas à la cheville d’un système comme ThePirateBay (en jazz surtout : absence de données discographiques, fichiers tronqués, acceptation de labels pourris comme Original Jazz Sound, etc.). Il y a là un vrai problème de business model : (i) Joindre des données discographiques pertinentes coûte certes un peu d’argent ; mais les éditeurs qui détiennent ces données négligent de les fournir en même temps que les fichiers dématérialisés, ou alors Qobuz oublie de les exiger. (ii) La vente de musique dématérialisée n’a aucune chance de percer si les prix ne sont pas inférieurs à ceux des plates-formes de vente en ligne de supports physiques. (iii) Le contrôle de qualité, qui lui aussi a un coût, est insuffisant à plus d’un titre : outre les données manquantes, les fichiers dégradés et les éditions au rabais non expurgées du catalogue, il y a trop d’exemples de nature à décourager le client (un album de 5 titres à 10€ alors que chaque titre est vendu 1€ à l’unité, c’est un peu ballot).
Il ne faudrait surtout pas conclure de cette expérience l’urgente nécessité de censurer le web, notamment en bloquant des sites comme celui où j’ai pu trouver ce que le commerce légal est incapable de fournir [3]. La bonne conclusion est que ledit commerce doit se rénover, sous peine de mort (pas si lente que ça).
[1] Il m’est arrivé, une seule fois, d’acheter quelque chose chez iTunes. Il m’a fallu bidouiller dur pour déplomber mon achat ; c’est une erreur que je ne commettrai plus.
[2] Mais ne propose pas l’album de Count Basie que je recherche.
[3] D’ailleurs, de nombreuses tentatives de blocage ont été perpétrées en Belgique et en France notamment, par voie judiciaire ou administrative, avec un résultat invariablement nul.