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12 avril 2008, par
Voir en ligne : Chronique d’une mort annoncée (2004, déjà)
Par-delà une indéniable satisfaction revancharde et un peu malsaine après des années passées à pester contre (tout en travaillant avec) l’incontournable Microsoft, à chercher (quelquefois même trouver) des solutions alternatives, interopérables, légères et peu coûteuses, en bref à rêver d’un monde meilleur, le moment est peut-être venu de se préparer à aborder une ère nouvelle : et si Microsoft, plombé par Vista, se cassait vraiment la figure, là, cette année, autant dire tout de suite ?
On a déjà vu se produire en un rien de temps des cataclysmes tout aussi inimaginables que celui-là, alors autant considérer froidement l’éventualité. C’est peut-être de la fiction, mais c’est amusant. Et pas forcément farfelu, si on en croit quelques papiers récemment publiés (voir aussi ici et là).
Un milliard, c’est approximativement le nombre d’ordinateurs vendus à ce jour. Tous ne sont plus en service, mais pendant le chaos la vente continue, on peut donc considérer le milliard comme une estimation plausible du parc existant. La quasi totalité de ce parc (95% ? 98% ? Peu importe) est exploité par un système Microsoft.
L’acteur dominant disparaît. Bon. Mais il quitte un marché qu’il a profondément perverti. La concurrence, quasiment absente jusqu’alors, fait brutalement irruption dans un monde endormi. Le premier segment de ce marché, c’est l’OEM : les fabricants d’ordinateurs, à tort ou à raison, s’obligent en effet à ne livrer que des machines avec un système d’exploitation préinstallé, et dans 98% des cas c’était Windows. Que devient Windows en cas de naufrage de Microsoft ? Certainement pas un logiciel libre. C’est au contraire la plus précieuse pépite de la liquidation, et les constructeurs vont se l’arracher.
Hypothèse : un consortium (mettons HP-Dell-Toshiba-Sony-Acer) emporte le morceau en mettant sur la table une montagne de dollars. On se retrouve dans la même situation qu’aujourd’hui, aggravée par une double position dominante (matériel et système d’exploitation). Mais il n’y a plus de développement, seulement du marketing (ce qui n’est pas forcément une catastrophe, voir plus loin). Le système d’exploitation “standard” maintient provisoirement sa domination, mais il est figé. Dans un premier temps c’est un avantage, un produit éprouvé inspire confiance et se vend bien. Dans un second temps, il va souffrir de l’évolution de la concurrence.
Car il reste les autres, ceux qui n’auront pas réussi à faire partie du club des repreneurs de Windows (mettons les Lenovo, Asus, Fujitsu, etc.) Ils ne restent pas inactifs : ils cherchent une autre issue, il leur faut absolument une solution leur permettant de continuer à vendre des machines clefs en main. Laquelle ? Linux bien sûr, il n’y en a pas d’autre. D’où l’ouverture d’un deuxième front, dont l’enjeu est la possession d’une distribution Linux capable de rivaliser commercialement avec Windows (et ce ne sont pas, hélas, les qualités techniques intrinsèques qui seront ici déterminantes, mais bien les gadgets et plus encore le “packaging”). On va ainsi voir émerger une sorte de super-Ubuntu en cinérama et technicolor, dûment protégé par une licence en béton, cela va de soi (on ne change pas facilement une mauvaise habitude). Mais ce nouveau standard sera sans soute assez bon marché, pour trois raisons : 1) il se pose en challenger d’un XP stabilisé et non d’un Vista toujours problématique qui a provoqué la perte de Microsoft, 2) son prix est fixé en référence à celui des version OEM de Windows, qui n’est certes pas divulgué mais qui n’a rien à voir avec celui, publié, des versions “boîte”, 3) il doit avant tout servir, dans l’esprit de ses promoteurs, à faciliter la commercialisation des machines et non à faire de la marge. Il conquiert donc des parts de marché importantes par simple effet de prix (le succès de l’eeePC en est une préfiguration), d’autant plus facilement que des applications alternatives et peu chères existent déjà dans les segments les plus porteurs (bureautique, multimédia, navigation internet et communication).
Désorientée, la communauté des utilisateurs et des acheteurs d’ordinateurs va devoir adopter une attitude inédite. Que choisir ? Qu’est-ce qui doit désormais être appelé “système standard” ? Elle se partage en deux moitiés à peu près équivalentes en nombre : les adeptes d’un XP éprouvé et stabilisé (ô combien), et ceux du nouveau Linux pas cher et brillant de tous ses chromes.
On néglige délibérément ici l’univers McIntosh, d’une part parce qu’il relève d’une autre planète, d’autre part parce que le cataclysme Microsoft pourrait bien s’étendre à Apple. Après tout, nous sommes ici dans la fiction, alors pourquoi se gêner ?
Il y a aussi le monde des serveurs. Il n’est affecté que marginalement par l’événement. Microsoft y est beaucoup moins dominant, les acteurs impliqués ont une maîtrise suffisante pour gérer le choc, et des solutions éprouvées sont à leur disposition.
Restent donc deux demi-milliards d’utilisateurs, particuliers ou en entreprise, dont le comportement sera passionnant à observer. Vont-ils enfin découvrir les vertus d’un univers ouvert et interopérable, l’intérêt d’être affranchi des contraintes imposées par un acteur “abusant de sa position dominante”, ou bien au contraire tenter par tous les moyens de se réfugier dans un nouveau giron rassurant et aussi semblable que possible à celui qu’ils viennent de perdre ?
Les paris sont ouverts.