Voici la réponse “omnibus” du Sénateur Philippe Monfils :
Cher Monsieur,
J’ai bien reçu votre mail relatif au dépôt de ma proposition de loi et vous en remercie.
Je tiens tout d’abord à vous rassurer : je suis tout à fait ouvert au dialogue… la proposition de loi que j’ai déposée a également pour objectif d’ouvrir la discussion. Alors que plusieurs de nos voisins sont en pleine réflexion sur la question, le débat n’est même pas encore entamé en Belgique.
Il faut savoir que je travaille sur cette matière depuis près d’un an déjà… ce texte n’a pas été déposé sur un « coup de tête » ! J’ai examiné des dizaines de pistes possibles pour trouver une solution équilibrée.
A l’heure actuelle, la réponse graduée qui ne vise que les internautes fautifs et qui peut aboutir dans certains cas à la limitation du haut débit me semble la solution la plus adaptée.
En effet, contrairement à d’autres propositions de loi déposées, visant par exemple à instaurer une licence globale, le système que je propose n’aboutit pas du tout à une « taxe » supplémentaire pour le citoyen. La riposte graduée que je propose ne vise que les internautes fautifs, c’est-à-dire ceux qui téléchargent sur des plateformes illégales.
J’ai refusé de déposer un texte instaurant une licence globale, comme l’ont fait d’autres partis, car cette contribution créative serait en effet, d’une manière ou d’une autre répercutée sur le prix de l’abonnement puisqu’on ne peut empêcher les fournisseurs d’accès de le faire.
Or, plusieurs études récentes ont, comme vous le dites, démontré que le prix de l’abonnement Internet en Belgique est beaucoup plus élevé que chez la plupart de nos voisins européens. Je ne souhaite dès lors pas augmenter ce prix.
Mon objectif n’est donc pas de taxer davantage et il ne consiste pas non plus à priver l’internaute de sa connexion .
Il faut en effet savoir également que ma proposition n’est pas complètement identique à la réponse graduée adoptée en France puisqu’elle ne prévoit pas une suspension complète de l’Internet mais juste une limitation du haut débit rendant ainsi tout téléchargement extrêmement difficile car extrêmement lent. Mais chaque Internaute pourra continuer à utiliser internet normalement pour chercher de l’emploi, collecter des informations pour des travaux professionnels, converser sur les forums,… Les foyers ne seront dès lors pas privés de leur connexion internet.
La réponse graduée que je propose s’articule de la manière suivante :
En cas de téléchargement, l’internaute recevra dans un premier temps un avertissement. Si une nouvelle infraction est commise dans les 6 mois un nouvel avertissement accompagné d’une amende lui sera envoyé. Si l’internaute persiste encore, le dossier sera alors envoyé au procureur du Roi qui décidera des poursuites.
Si un Juge est saisi, il pourra condamner l’internaute fautif à une amende et à la limitation de son accès Internet via la suspension du haut débit, rendant ainsi tout téléchargement extrêmement difficile car extrêmement lent.
La fonction sociale d’Internet (recherche d’emploi, recherche d’informations pour des travaux professionnels, forum,… ) est donc maintenue .
Ce n’est qu’en cas de multirécidives que le Juge pourra prononcer la suspension complète de l’accès à Internet.
Ce texte a été déposé au Sénat. Il est pour l’instant dans les services de traduction, ce qui explique qu’il n’est pas encore disponible sur le site web du Sénat. Je vous le communique donc en annexe. Quelques petites modifications techniques pourraient encore être apportées au texte à son retour des services de traduction.
Mon but est d’aboutir à un changement de comportement de l’Internaute et à l’orienter vers des plateformes légales de téléchargement. Il est pour moi primordial que la création culturelle soit respectée !
J’estime que quand on apprécie un artiste, qu’il soit chanteur, comédien, réalisateur, écrivain…la moindre des choses, c’est de respecter son travail et il est vrai que ce respect a parfois un coût…
En effet, Internet ne peut être une « zone de non-droit » ! L’internaute, jeune ou moins jeune, doit être responsabilisé. Télécharger illégalement un album sur Internet, c’est le VOLER et continuer à laisser croire le contraire serait une grosse erreur !
Le téléchargement sur des plateformes illégales est d’autant plus inadmissible que des millions de chansons, de films ou de jeux sont actuellement disponibles légalement sur Internet à des prix bien inférieurs à ceux que vous avancez. Les plateformes légales de musique ou de film en ligne sont même parfois gratuites car financées par exemple par la publicité.
Par contre, le téléchargement illégal est une véritable menace pour la création culturelle.
Voici quelques chiffres pour illustrer la situation :
- 95 % du marché international de la musique numérique est illégal (rapport récent de la Fédération Internationale de l’industrie phonographique)
- Les revenus des auteurs de musique ont ainsi baissé de 40 % depuis 2002, passant de 21,8 millions € à 13,2 millions €.
L’impact du téléchargement illégal n’est pas uniquement culturel, il est également économique. En décembre 2009 : la société belge Sonica , propriétaire de 61 magasins qui vendent cd, dvd et jeux vidéo a fait faillite entrainant une perte d’emploi pour plus de 400 personnes en Belgique.
Parce qu’on ne peut rester indifférent à ces chiffres et à ces pertes d’emplois, j’espère vivement que le Sénat ouvrira rapidement le débat sur cette problématique.
Restant à votre disposition,
Bien à vous,
Philippe MONFILS, Ministre d’État, Sénateur
Adresse de contact : Carole Staquet, collaboratrice du Sénateur Ph.MONFILS
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